La politique intérieure doit viser à la modernisation de l'appreil de l'Etat. Elle implique la réforme de l'Etat et de la gestion des services publics. Il s'agit de tirer les conséquences des mutations enregistrées jusqu'aux dernieÌ€res ramifications de l'ordre politico-administratif, afin de retrouver une logique institutionnelle et une cohérence fonctionnelle. La modernisation de l'Etat telle que l'UNIR MN la propose concilie la décentralisation et développement local avec le renforcement des capacités institutionnelles de l'Etat.

1 La relance de l'appareil administratif de l'Etat, le développement des services publics et la modernisation de la gestion de fonctions régaliennes de l'Etat et de fonctions sociales essentielles

L'UNIR MN entend faire de la relance et du développement du service public une des poutres maiÌ‚tresses de l'architecture étatique du nouveau Congo-Zaïre. Le service public est une des articulations cruciales du systeÌ€me de légitimation de la reconstruction étatique,par les résonances qu'il va susciter dans la conscience collective nationale. La relance du service public va contribuer à remodeler l'image de l'Etat, en lui conférant une nouvelle légitimité. Elle va en effet permettre de voir, dans le nouveau Congo-Zaïre, un Etat fonctionnel, qui n'a de justification que par l'action concreÌ€te qu'il meÌ€ne au service du bien commun.

Avec le renouveau du service public, l'UNIR MN entend ériger l'Etat en tuteur de la collectivité et en protecteur de chacun, il sera dorénavant considéré comme exclusivement préoccupé du bien- être, de l'épanouissement, du bonheur des populations du Congo-Zaïre.

Il s'en suit qu'une action vigoureuse de modernisation de fonctions spécifiques(justice, sécurité, défense, fiscalité, éducation...) pour lesquelles l'Etat a seul vocation de décider et d'agir, et des activités non spécifiques (transports, communications...) dans lesquelles l'Etat, tout en conservant des responsabilités propres de réglementation et de régulation n'est pas le seul agent d'exécution possible, constitue pour le secteur public l'unique chance de maintenir son champ d'intervention dans toute son étendue et de permettre à l'Etat de réussir l'impératif de cohésion économique et sociale nationale. Cette transformation doit valoriser le service public aux yeux des citoyens et donner aux agents de l'Etat des raisons supplémentaires de s'investir dans leurs missions.

De l'obligation d'assurer à tous un égal acceÌ€s aux fonctions sociales essentielles, il ne découle pas automatiquement que celles-ci doivent eÌ‚tre assurées directement par le secteur public. La légitimation d'un fonctionnement public ou privé ne doit pas eÌ‚tre idéologique mais pragmatique, elle repose sur l'efficacité sociale et la satisfaction du public. Ce sera à l'Etat de démontrer qu'il offre à tous, dans des conditions de concurrence équitables et dans le respect des obligations de service public, les meilleures prestations pour un couÌ‚t donné.

1.1 Promouvoir une politique d'hygiène et de santé publique

Dans le domaine de l'hygieÌ€ne et des soins de santé, force est de constater que l'acceÌ€s aux soins de santé primaire est réservé, aujourd'hui, aux plus nantis. Ce faible taux de couverture sanitaire meÌ€ne à une résurgence des maladies endémiques jadis éradiquées comme la tuberculose, la typhoïde, la leÌ€pre, la poliomyeÌ€lite, la maladie du sommeil, etc...Cette situation a aussi pour cause, parmi tant d'autres, l'insalubrité des conditions de vie des populations du Congo-Zaïre : conséquence de l'absence des politiques publiques d'hygieÌ€ne urbain et de l'habitat.

Au Congo-Zaïre, les problèmes de santé relèvent en grande partie de la médecine préventive et de l'éducation. La plupart des maladies proviennent, en effet, de conditions de vie et d'hygiène malsaines : habitat insalubre, pollution de l'eau, contamination des biotopes, carences alimentaires...Plus que les progrès de la médecine et de la recherche, des thérapeutiques sophistiquées ou des infrastructures coûteuses, ce sont les politiques d'assainissement du milieu et l'amélioration des conditions de vie et d'hygiène qui vont permettre d'éliminer nombre de maladies qui tuent actuellement. Trop souvent encore, la médecine curative est favorisée au détriment de la prévention et des pratiques collectives en faveur du plus grand nombre (relance de campagnes de vaccination). Une approche multidisciplinaire, qui tiendrait compte des facteurs de santé mais aussi de la formation des cadres, de l'information des femmes et des mères, de politique d'assainissement, de la gestion de l'eau et, surtout, des contraintes économiques, serait une réponse appropriée aux problèmes sanitaires du Congo-Zaïre.

Au Congo-Zaïre, le personnel de santé ne fait pas grandement défaut. Mais ce personnel, et surtout les médecins, qu'ils aient été formés dans le pays ou à l'étranger, préferent s'installer en ville plutoÌ‚t que de pratiquer leur art en brousse. Mais, meÌ‚me en ville, les infrastructures sanitaires existantes sont loin de répondre à tous les besoins de la population, et la plupart des établissements hospitaliers, hérités de la colonisation, sont délabrés.

L'approvisionnement, le stockage, la distribution et le couÌ‚t des médicaments ainsi que les probleÌ€mes d'entretien des équipements médicaux sont autant de handicaps supplémentaires à l'efficacité des services de santé.

La réhabilitation du réseau hospitalier et sanitaire est donc une priorité. Un effort particulier sera fait pour combattre les grandes endemies et améliorer les conditions générales d'hygieÌ€ne dans tout le pays, pour assurer à la population aussi bien dans les villes que dans les campagnes un nombre suffisant d'hoÌ‚pitaux et de dispensaires convenablement équipés, pourvus des médicaments nécessaires et desservis par des médecins qualifiés et des équipes médicales opérationnelles. Il faudra également garantir aux ONG à caracteÌ€re humanitaire, la sécurité nécessaire et la liberté totale d'action sur l'ensemble du territoire national pour faire face à certains probleÌ€mes de santé publique.

Il s'agit de donner à notre politique de santé une impulsion nouvelle. Le systeÌ€me de santé doit eÌ‚tre rééquilibré autour d'une démarche de santé publique, d'éducation, de prévention, d'évaluation et de recherche médicale dirigée en particulier contre les grandes maladies. Le cas particulier du SIDA, véritable fléau, doit eÌ‚tre abordé avec une attention particulieÌ€re. Il faudra relancer le programme de lutte contre le SIDA en insistant sur le trois points suivants :

  • améliorer l'état des connaissances,
  • prévenir la transmission par la distribution gratuite de préservatifs par l'Etat accompagné d'une intense campagne d'information et d'éducation et faciliter l'acceÌ€s aux traitements,
  • réduire l'impact de l'épidémie sur les individus et la communauté. La protection préventive des nouveaux nés de meÌ€res séropositives est un probleÌ€me de morale et de justice sociale auquel il convient de trouver des solutions immédiates.

Plus fondamentalement encore, une profonde réorganisation de l'offre de soins est indispensable, dans un double souci d'améliorer leur qualité et et de garantir le droit à la santé pour tous. D'autre part l'UNIR MN préconise l'organisation d'un congreÌ€s médical réunissant l'ensemble du corps médical du Congo-Zaïre afin de définir une politique nationale de l'hygieÌ€ne, de la santé publique et de la sécurité sociale.

En matieÌ€re d’hygieÌ€ne publique, l'UNIR MN préconise la mise en place des politiques publiques d'hygieÌ€ne urbaine et d'aménagement du territoire. L'objectif est de retrouver un minimum sanitaire vital. Il s'agit d'instaurer un service public de ramassage des ordures ménageÌ€res (confié à des entreprises privées ou parapubliques),d'aménager des déchetteries ouvertes au public pour le dépoÌ‚t sélectif des déchets, de mettre en place, avec le concours des entrepreneurs privés, des usines de traitement de déchets, de restaurer les réseaux d'évacuation des eaux usées et pluviales (canaux, égouts...), de recréer la voirie urbaine. Cela aussi suppose campagne d’information et d’éducation à laquelle peuvent d’ailleurs contribuer les ONG.

1.2 Impulser une politique de l'habitat

En matière de l’équipement et de l'habitat , force est de constater que l'augmentation rapide des populations a provoqué un certain nombre de problèmes sociaux. Le manque d'installations sanitaires, la crise de logement et trop souvent l'absence d'accès à  l'eau potable aggrave davantage les conditions de vie. Il est urgent de mettre fin à  la prolifération des bindovilles qui posent de serieux problèmes de santé et d'hygiène,et d'améliorer les conditions de logement et de l'habitat. Dans ce domaine,nous devons faire renaître l'Office national de logement (ONL)pour la promotion d'une politique de reconstruction de nouveaux logements par le procédé de lotissement, relancer et encourager les promoteurs immobiliers.

Une autre priorité liée directement à  l'amélioration des conditions de vie concerne ladistribution d'une eau biologiquement pure et saine, indispensable à  la santé. Depuis bientôt une dizaine d'années, les populations du Congo-Zaïre souffrent de la résurgence des maladies telles que amibiase, verminose, dysenterie microbienne et diarrhée en milieu urbain. En outre, le trachome, cause fréquente de cécité, et la bilharziose frappent terriblement en milieu rural. Cette situation a pour cause la vétusté de notre réseau de distribution d'eau potable, liée aux difficultés de gestion rencontrées par la REGIDESO (entreprise publique chargée de gérer la distribution d'eau. Et pourtant jusqu'à  la fin des années 1980 la ** REGIDESO** avait convenablement remplie sa mission de service public.

Aujourd'hui nous avons l'obligation, de santé de publique, d'obtenir l'eau, de l'assainir et de l'amener le plus près possible des populations du Congo-Zaïre. Pour ce faire, deux actions capitales s'imposent :

  1. Lancer un programme de réhabilitation du réseau de distribution d'eau potable. Il s'agit de la remise en état des installations déjà existantes (canalisations...),de la réhabilitation des usines de traitement d'eau, de l'alimentation en eau potable de nouvelles zones d'extension, en milieu urbain. En zone rurale, il s'agit de lancer de projet hydraulique rurale (mise en place de pompes hydrauliques, création des bornes fontaines).C'est un travail titanesque qui demande un investissement financier treÌ€s important et exige donc :
  2. De revoir les méthodes de gestion et le statut de la REGIDESO, de relancer la coopération avec nos partenaires historiques, de faire des appels d'offres.

1.3 Relancer l'Enseignement, l'Education et la Formation

En matière d’éducation/enseignement et formation, nous devons redonner la priorité à  l'école, reconstruire l'université et revaloriser le métier d'enseignant. Tout le système éducatif devra être réorienté et restructuré pour mieux répondre aux nouveaux besoins socio-économiques du pays.

Refaire la république, c'est préparer l'avenir, c'est s'appuyer sur la rénovation de l'école républicaine qui donne à  la fois une formation et une éducation, qui accueille et aide les citoyens tout au long de leur vie. L'éducation doit retrouver la priorité qui était la sienne il y a trente ans, et qu'elle a perdue depuis. L’UNIR MN demande que les efforts nécessaires soient consentis pour sortir définitivement la Nation des incertitudes du sous-développement intellectuel. Aucun jeune du Congo- Zaïre doit pâtir de l'insuffisance des moyens d'enseignement. Un effort essentiel doit être fait pour que tous les jeunes de la République obtiennent les mêmes chances et puissent nourrir les mêmes espérances devant la vie. Cela suppose que des écoles soient relancées et ouvertes selon un plan rationnel dans tout le pays.

Dans un monde ouÌ€ la connaissance s'accroiÌ‚t chaque jour plus vite et ouÌ€ les moyens d'information modernes inondent les esprits, l'école doit eÌ‚tre avant tout le lieu de l'apprentissage des savoirs fondamentaux, de l'expérimentation, et de la réduction des inégalités sociales et culturelles. L'école doit se recentrer sur les enseignements de base et les mécanismes intellectuels fondamentaux. A un enseignement à la tendance parfois encyclopédique, il faut substituer un enseignement de références et de repeÌ€res. L'enseignement de type classique menant à des connaissances sans impact réel sur l'environnement socio-économique doit eÌ‚tre abandonné.

L'objectif prioritaire du système éducatif doit redevenir la formation des jeunes pour leur intégration immédiate dans les circuits de production. En effet, dans le processus de reconstruction économique et social du nouveau Congo-Zaïre, la formation d'une main-d'Å“uvre qualifiée jouera un rôle déterminant. Les besoins dans ce domaine sont immenses, se font sentir dans tous les secteurs et varient d'une simple initiation technique à  une formation universitaire très poussée. La formation est cependant une entreprise très couteuse. L'infrastructure, l'équipement et le corps enseignant exigent des ressources à  la fois humaines et financières considérables. Or, notre pays n'est pas en mesure de couvrir tous ses besoins dans ce domaine, pourtant capital pour amorcer sa reconstruction. Pour surmonter ces problèmes le concours de la France et de la Belgique est indispensable dans le cadre de la coopération dans le domaine Culture/Formation pour aider à  la formation des cadres dont le pays a grand besoin.

Il est inutile de rappeler que le système universitaire a cessé de fonctionner convenablement depuis bientôt une quinzaine d'années dans notre pays. L’UNIR MN entend organiser, avec l'ensemble du personnel enseignant de la nation, un congrès sur la refondation de notre système éducatif qui va définir les bases d'une politique d'éducation nationale, de l'enseignement et de la recherche dans notre pays. L’UNIR MN préconise la mise en place d'une politique de jumelage avec les Universités françaises, la relance de la coopération scientifique et culturelle avec les Etats membres de l'Union européenne.

La refondation de notre système éducatif et universitaire passe également et surtout par la valorisation des personnels de l'éducation nationale et de l'enseignement et de l'amélioration de leur situation.

1.4 Mettre en place un service publique de transport

En matière de transport, force est de constater que les infrastructures sont dans un état de dégration avancée lorsqu'elles ne sont pas tout simplement inexistantes. Le réseau ferroviaire date du début du siècle dernier, tandis que les innombrables voies d'eau navigables et les pistes d'aviation ne sont plus balisées. La réhabilitation des infrastructures de transport est un travail gigantesque et qui demande des moyens financiers importants que le Congo-Zaïre ne peux,dans son état actuel, financer. Et pourtant il faut le faire. Nous devons relancer la coopération avec l'Union européenne pour solliciter les fonds européens de développement(FED) et la Banque européenne d'investissement (BEI) qui ont déjà  largement contribué à  la restructuration et la modernisation des infrastructures de transport dans notre pays entre 1971 et 1989. Certaines entreprises publiques du secteur de transport ouvriront tout simplement leur capital pour le besoin de leur modernisation et de leur autofinancement aux investisseurs privés spécialisés dans ce domaine.

Dans le domaine de transport public en commun urbain et interurbain nous devons reprendre la coopération avec la Belgique pour faire renaiÌ‚tre l'Office des transports en commun du Zaïre (OTCZ) et la Société des transports de kinshasa (STK), avec la France pour relancer la Société de transport zaïroise (SOTRAZ). Dans ce domaine l'Etat ne doit pas renoncer à ses objectifs traditionnels. Il doit y ajouter des objectifs nouveaux et des méthodes modernes. Les politiques publiques de transports urbains ne doivent plus faire l'objet d'un pilotage centralisé à Kinshasa, il faudra les décentraliser. Chaque province doit pouvoir gérer son service public de transport urbain et interurbain qui se fera soit sous la forme de société d'économie mixte de transports, ou soit sous la forme de régie autonome de transports formées avec la participation de capitaux publics, mais jouissant d'une autonomie technique et gérés selon les procédés de l'entreprise privée sous le controÌ‚le des autorités publiques provinciales.

1.5 Garantir l'ordre républicain

En ce qui concerne la sécurité intérieure,la justice, la police et l'ordre public, l'Etat doit garantir l'ordre républicain, affirmer avec toute la fermeté nécessaire le respect de l'autorité.

L'axe principal cette politique est la recherche du compromis entre l'ordre public et les libertés publiques. L'action en matière de sécurité s'appuiera sur une triple démarche de prévention, de dissuasion et de répression. Pour assurer le respect des droits de l'homme, la formation de la police et de la justice doit tenir compte des exigences essentielles de l'Etat de droit. Enfin, le mouvement associatif devra être encouragé afin de soutenir l'éveil de l'esprit civique. Ces encouragements toucheront tous les aspects de la vie politique, économique et sociale. Cette vision globale permet d'y intégrer les acteurs du jeu politique afin de mieux responsabiliser la classe politique face aux exigences de la stabilité politique et de la gouvernance démocratique. Instaurer un Etat de droit c'est accorder une place prépondérante à  la justice, sans laquelle la paix civile est impossible et sans laquelle le travail devient aléatoire.

Dans ce domaine, nos priorités visent à  rétablir la force de la loi et l'autorité judiciaire, à  définir une nouvelle politique pénale respectueuse de l'Etat de droit et adaptée aux mutations enregistrées dans l'espace judiciaire international, à  moderniser l'appareil judiciaire en le dotant des moyens adaptés à  ses missions et aux exigences de la démocratie, à  améliorer les procédures, à  garantir aux justiciables l'égal accès au juge ( à  titre d'exmple l'instauration de l'aide judiciaire pour les plus démunis) (pour garantir le déroulement serein et indépendant des procédures, il sera instauré un contrôle de la justice sur l'action et le fonctionnement de la police judiciaire que l’UNIR MN entend mettre en place), à  améliorer la formation, les conditions de travail, et la situation sociale des magistrats. La modernisation de la justice sera accompagnée d'une nouvelle politique de formation des avocats et d'une politique pénitentiaire pour humaniser les conditions de vie dans l'univers carcéral dans notre pays qui implique la mise en place des programmes de formation du personnel pénitentiaire.

En matière de police et l'ordre public, la mission principale de la police doit être la sécurisation de tous les centres urbains et ruraux du pays par une présence permanente sur le terrain et par une qualité d'intervention susceptible d'être mesurée sur la base de critères de vitesse d'intervention et de contrôle des situations en cours. L'objectif poursuivi est d'assurer le maintien de la tranquillité publique, la liberté d'aller et de venir,la sécurité des personnes et des biens, le respect de l'Etat de droit. Il n'y aura pas d'Etat vraiment républicain sans liberté réelle et sans sécurité garantie est respectée, pour tous et partout.

Cette politique de sécurisation publique par la police passera par deux stratégies qui sont d'une part, la mobilité et les communications aux fins de pouvoir accomplir leur mission première d'être présente et efficace partout, et d'autre part le développement d'une police de proximité, accessible, efficace, au contact direct et permanent de la population, au plus près des réalités : dans les quartiers, les villes ou les agglomérations.

2. La décentralisation dans la République

Le Congo-Zaïre a eu besoin d'un pouvoir fort pour se faire. Il a aujourd'hui besoin d'un pouvoir décentralisé pour ne pas se défaire. Il s'agit aujourd'hui de moderniser le paysage politico-administratif de notre pays.

La décentralisation ne sera pas un cadre d'expression pour autonomies identitaires, antichambres de micro-Etats, édifiés sur les décombres de l'Etat-nation. Notre pays n'aura rien à gagner à devenir cet agrégat inconstitué de peuples désunis par un fédéralisme mal conçu, préconisé par certains hommes politiques irresponsables qui ignorent le pourquoi et la généalogie des fédéralismes. Dans le contexte socio-politique actuel se lancer dans le processus du fédéralisme c'est ouvrir la boiÌ‚te de Pandore de la république à toutes les velléités séparatistes. Nous ne devons pas susestimer les réflexes sécessionnistes qui existent encore chez certains de nos compatriotes. Et puis face à la mondialisation nous devons resserrer l'unité de notre pays. Faire la décentralisation dans la république, c'est : ne pas défaire l'unité de la république

L'Etat a longtemps vécu dans l'ignorance des échelons infra-étatiques. Ce n'est pas que les échelons infra-étatiques n'ont pas existés, mais les efforts déployés, à la suite du mouvement de réformes administratives mises en Å“uvre entre 1972 et 1977, ne leurs ont conférés que de simples missions de gestion de service de proximité.

L'effort de centralisation, qui fut longtemps nécessaire pour réaliser et maintenir l'unité de notre pays ne s'impose plus dans ces termes. Un Congo-Zaïre moderne et responsable, c'est aussi un pays qui doit dorénavant enraciner l'unité de la République dans la diversité et la responsabilité de ses collectivités locales. Il s'agit donc de faire disparaiÌ‚tre l'image d'un Congo-Zaïre centralisé à l'extreÌ‚me afin d'assurer une participation de tous aux décisions qui les concernent.

Nos priorités visent à favoriser la réalisation d'une organisation administrative permettant de faire face aux enjeux actuels et d'améliorer les services rendus à la population. Nous avons acquis la conviction que l'amélioration de la vie quotidienne des Congolais du Zaïre et la satisfaction de leurs aspirations passent par l'accroissement des responsabilités des autorités locales, appuyées sur des citoyens mieux associés aux décisions, des services mieux outillés, et des finances plus solides. Nous sommes persuadés que la situation actuelle si instable ne peut fonder l'organisation des pouvoirs publics au Congo-Zaïre pour les décennies à venir, alors qu'elle n'est présentement acceptable que comme le résultat temporaire d'une période de transition. S'imaginer qu'il est possible d'engager une véritable réforme de l'Etat sans toucher aux éléments structurels essentiels du découpage territorial, à la fiscalité, à l'économie, simplement parce que ces probleÌ€mes ont été mal appréhendés ou laissés de coÌ‚té depuis bien longtemps reviendrait à commettre des graves erreurs.

L’UNIR MN préconise la mise en place d'une large politique de décentralisation administrative pour donner plus de libertés aux collectivités territoriales de la République, mais sans affecter la nature de l'Etat unitaire. L’UNIR MN rappelle son attachement au caractère unitaire de l'Etat, garant de l'exercice des libertés publiques sur tout le territoire et du maintien des solidarités et de l'égalité entre les administrés. Le principe de libre administration des provinces sous l'empire de la loi sur la décentralisation que nous préconisons est parfaitement à  l'aise dans une République une et indivisible.

Il s'agit tout simplement d'élever les provinces territoriales de la république au rang d'acteurs effectifs de la vie administrative, socio-économique et politique du pays en les dotant de quelques compétences normatives réglementaires. Cela suppose que soit renforcée l'autonomie des collectivités locales, par le transferts de moyens importants de décisions, de gestion et de financement de l'Etat vers les provinces territoriales. Ceci implique un développement de la démocratie locale, c'est-à-dire des possibilités de participation des citoyens au devenir de ces collectivités. La modernisation des institutions locales sera ainsi mise en route, mais baÌ‚tie par le bas, à l'initiative des élus, en rapport avec les réalités.

La répartition des compétences entre l'Etat et les provinces territoriales doit eÌ‚tre basée sur le principe de la subsidiarité et de la décentralisation. L'Etat doit accorder aux provinces certaines compétences d'attribution dans des secteurs circonscrits. Dans les domaines qui ne releÌ€vent pas de sa compétence exclusive, l'Etat n'interviendra que si et dans la mesure ouÌ€ les objectifs de la politique envisagée ne peuvent pas eÌ‚tre réalisés de manieÌ€re suffisante par les provinces territoriales et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de la politique envisagée, eÌ‚tre mieux réalisés au niveau de l'Etat. DeÌ€s lors s'ordonnent les grandes réformes à baÌ‚tir :

  • clarifier les compétences afin que chaque citoyen puisse savoir précisément qui fait quoi, ce qui implique de transferts et des blocs de compétences plus cohérents afin notamment de rapprocher les services publics de proximité de leurs usagers.
  • La libre administration des provinces territoriales ne va pas sans recettes fiscales propres. Il conviendra de renforcer la responsabilité fiscale des élus devant les électeurs en attribuant la perception d'un impoÌ‚t principal à chaque niveau d'organisation territoriale. Il reviendra à l'Etat d'opérer à travers ses dotations les fortes corrections nécessaires pour réduire les inégalités de richesse entre les provinces.
  • instaurer la décentralisation et rechercher la participation la plus active possible des citoyens supposera également de faciliter l'acceÌ€s aux mandats. Parmi les objectifs d'un statut de l'élu doit figurer notamment la possibilité de se consacrer pleinement à un mandat d'une certaine importance, de retrouver un emploi apreÌ€s l'acheÌ€vement d'un mandat, de clarifier les reÌ€gles de responsabilité personnelle et celles liées à la fonction. La démocratie locale et l'Etat n'ont pas à s'opposer deÌ€s lors que tous les citoyens entendent concourir à faire vivre une République moderne, ouÌ€ la liberté et la responsabilité vont de pair avec la recherche de l'égalité.

3. Promouvoir une politique nationale de développement économique local

La politique de décentralisation doit être renforcée par une politique de développement local autour de l’agriculture, de la ** modernisation de l'espace rural** et de l’exploitation minière afin de permettre aux provinces de jouer pleinement leur rôle dans la reconstruction de l'Etat et de l'économie nationale.

3.1 Redonner sa place à l'agriculture

répond à une double volonté :accroiÌ‚tre la production agricole et améliorer les conditions de vie et de travail des agriculteurs. Il s'agit surtout de moderniser l'agriculture et d'accompagner un exode rural qui s'acceÌ€lere. Le but est d'augmenter la production nationale non seulement pour satisfaire les besoins intérieurs mais également pour accroiÌ‚tre les exportations. ConcreÌ€tement cela signifie la nécessité de faire évoluer une agriculture congolaise essentiellement familiale et extensive afin de la rendre plus compétitive. C'est à cela que va s'attacher la politique agricole et d'aménagement de l'espace rural dans un contexte d'accélération de l'exode rural, de désertification de l'espace rural, d'abandon des métiers de la terre et de diminutions du nombre d'exploitations conséquences de la crise que traverse notre pays. L'objectif est la modernisation et la professionnalisation du milieu agricole, l'augmentation du rendement individuel par des apports techniques, l'organisation de la production, de l'écoulement et de la commercialisation des produits à des prix raisonnablement rémunérateurs.

L’UNIR MN plaide pour une meilleure formation des agriculteurs, une mécanisation du travail, mais l'interdiction de l'utilisation de produits chimiques comme les engrais, ce qui aura pour effet de développer une agriculture biologique et écologique respectueuse de notre riche patrimoine environnemental. Dans ce domaine nous ferons des appels d'offres aux exploitants agricoles européens qui désirent s'installer au Congo-Zaïre. Leur contribution sera nécessaire au développement de notre agriculture.

3.2 La modernisation de l'espace rural

La gestion de l'espace rural constitue une priorité pour la politique d'aménagement du territoire et de développement local.

La politique de modernisation de l'espace rural repose sur l'idée selon laquelle il faut encadrer l'exode rural afin d'éviter que les terres soient définitivement abandonnées. L'objectif consiste plus particulièrement à  gérer une désertification de l'espace rural avec tous les problèmes que cela implique (relance de services publics, moyens de transport, désenclavement, réhabilitation de l'habitat, soutien à  l'emploi). Pour cela, plusieurs dispositifs et structures devront être mis en place notamment pour faciliter l'implatation de jeunes agriculteurs, la modernisation de la vie rurale. L’UNIR MN préconise la création des sociétés anonymes semi-publiques d'aménagement foncier et d'établissement rural qui auront pour vocation d'acheter des terres rétrocédées par la suite à  des agriculteurs qui souhaitent soit s'installer, soit s'agrandir. De même, afin d'alléger le coût de l'installation et de l'exploitation, les pouvoirs publics encourageront la coopération agricole avec la création des groupements agricoles d'exploitation en commun.

3.3 L'exploitation minière fondement de la politique de développement local.

Depuis l'accession de notre pays à la souveraineté les revenus miniers n'ont servi dans la plupart des cas qu'à financer certaines importations ou à construire quelques infrastructures. Ils n'ont pas servi de catalyseur pour les transformations économiques et les changements sociaux. Pourtant, notre pays disposait de ressources financieÌ€res nettement supérieures à la moyenne des autres pays en développement (recettes fiscales et revenus des exportations). Mais il a enregistré des résultats économiques décevants : endettement extérieur treÌ€s supérieur à la moyenne des autres pays en développement, diversification des exportations moindre, exode rural, croissance agricole plus lente, répartition inégale des revenus. Certes, les déboires de la coopération minieÌ€re internationale et le bouleversement de l'économie minieÌ€re mondiale pouvaient eÌ‚tre retenus comme explications. Mais en réalité et surtout un manque de vision prospective et l'absence d'une politique minieÌ€re avaient caractérisé la stratégie du développement dans notre pays. Nous devons aujourd'hui, malheureusement, reconnaiÌ‚tre qu'en dépit du mauvais souvenir qu'elle incarne, l'Union minieÌ€re du Haut Katanga coloniale a su bien gérer le cuivre et le cobalt du Congo contrairement à sa descendante nationale la GECAMINES.

Nous devons, donc, revoir les méthodes de gestion et même le statut de certaines entreprises publiques minières.

La présence de ressources minérales précieuses dans le sous-sol de notre pays doit permettre un flux de recettes importantes qui permettront à  l'Etat de financer son développement économique et social. L'UNIR MN est déterminée à  faire de l'exploitation minière une véritable locomotive de développement par son effet d'entraînement au profit d'autres secteurs économiques (infrastructures routières, ferroviaires ; infrastructures tertiaires ; agriculture régionale, développement des ressources énergétiques locales). De la même façon, l'UNIR MN pense que la création de pôles de développement minier, dans des régions économiquement défavorisées mais à  fort potentiel géologique permettra la localisation d'industries de base (première transformation du minerai) à  proximité immédiate des sites d'exploitation ; ce qui permettra à  l'Etat d'augmenter sensiblement la valeur ajoutée des produits exportés. Le secteur minier doit, enfin, contribuer à  diversifier les activités économiques locales, fournir des matières premières à  l'industie locale, participer au développement régional et à  l'amélioration de l'infrastructure physique, créer des possibilités d'emploi à  tous les niveaux et favoriser l'acquisition de technologie.

L'UNIR MN entend établir un partenariat intelligent avec des pays amis industrialisés pour l'exploitation de certains minerais hautement stratégiques et découverts récemment dans notre sous-sol.

Une politique de développement du secteur minier exige :

  • de clarifier le mode de financement et des structures juridiques des opérations de recherche minieÌ€re ;
  • de clarifier le mode de financement et le cadre juridique relatifs aux phases de développement et d'exploitation. Dans les deux cas il s'agit de définir clairement les rapports entre les partenaires (investisseurs, bailleurs de fonds institutionnels et l'Etat zaïrois).