Devant la crise institutionnelle de l'Etat et l'incapaciteÌ des deÌcideurs politiques congolais à susciter l'uniteÌ, ou, du moins, un consensus propre à deÌvelopper une concorde nationale feÌconde cheÌ€re à tous nos dirigeants aujourd'hui disparus, nous ne devons pas deÌmissionner devant notre responsabiliteÌ patriotique en abandonnant à son sort notre pays. Nous n'avons pas le droit d'assister impuissant à la destruction de notre pays qui agonise. Car oui, notre Congo-Zaïre agonise. Notre patrie ne cessera d'agoniser que le jour ouÌ€ tous ensemble nous prendrons nos responsabiliteÌs. L'attitude de " voyons voir " n'est qu'un passe temps. Personne ne viendra reÌsoudre les probleÌ€mes de notre Congo-Zaïre à notre place durant notre observation passive. Tout le monde est donc appeleÌ à donner sa contribution. Congo- Zaïre Notre Cause est un message mobilisateur. Aussi j'invite les filles et fils de notre cheÌ€re patrie, ouÌ€ qu'ils se trouvent, à rejoindre notre jeune mouvement ou à s'organiser efficacement dans d'autres mouvements deÌmocrates et patriotiques pour restituer un sens à l'avenir et eÌviter, par voie de conseÌquence, la disparition programmeÌe de notre Congo-Zaïre ou sa mise sous tutelle internationale.
Aujourd'hui, apreÌ€s six anneÌes de turbulences, la crise qui deÌchire notre pays s'enlise de manieÌ€re sournoise. Par manque d'un cadre eÌtatique viable, notre Congo-Zaïre est en train de poursuivre son peÌ€lerinage de la pauvreteÌ la plus humiliante, la plus honteuse vers la miseÌ€re apocalyptique la plus effroyable de son histoire et notre pays est de plus en plus dans le processus de sa disparition Allons- nous attendre passivement et assister indiffeÌremment à la concreÌtisation du projet malveillant de ceux qui reÌ‚vent de l'implosion de notre patrie ? Il faudrait que nous recherchions ensemble les solutions adeÌquates au deÌnouement de cette situation affreuse. Nous devons lever l'hypotheÌ€que de l'ignominie qui a eÌteÌ poseÌe sur notre conscience. Nous devons avoir une attitude psychologique ferme et constante vis-à-vis de l'histoire. A cet effet et, comme le soulignait à juste titre le Premier ministre Patrice Emery LUMUMBA, " tout en gardant les vertus de patience et de bonteÌ proverbiale dont les traces ont fait des preuves depuis des milleÌnaires ", il est temps que nous sortions de notre sommeil, que nous rompions le silence et dominons l'intimidation pour manifester vigoureusement que l'on doit compter avec tous les filles et fils du Congo-Zaïre. DeÌfendre notre cause, c'est aussi prendre conscience que nous devons annihiler, par nos convictions, notre courage, notre perseÌveÌrance, l'image d'homme irresponsable et corruptible du congolais, projeteÌe dans les meÌdias.
L'UNIR MN consideÌ€re, en effet, que tous, filles et fils du Congo-Zaïre, sommes capables de nous prendre en mains. Chacun de nous doit, par conseÌquent, se deÌterminer en tenant compte du fait que le Congo-Zaïre, terre de nos anceÌ‚tres et nos parents, terre qui nous a vus naiÌ‚tre, terre qui nous a nourris, n'est la proprieÌteÌ de personne. Chacun de nous n'est qu'un simple usufruitier de la ReÌpublique.
Le souci de creÌer une socieÌteÌ de paix et de bien-eÌ‚tre doit eÌ‚tre, pour chaque fille et chaque fils de notre patrie, la prioriteÌ des prioriteÌs. Nous devons eÌ‚tre conscients du devoir de solidariteÌ et de fraterniteÌ qui est le noÌ‚tre, et Å“uvrer à sa reÌalisation. Nous devons renoncer à l'inimitieÌ, à la haine, à la vengeance, au reÌ€glement des comptes. C'est seulement lorsque nous serons tous unis que nous saurons deÌfinitivement faire face au mal, et constituer la force neÌcessaire à la reconstruction de notre MeÌ€re Patrie. C'est parce que nous nous sommes reÌsolument inscrit dans une logique de reÌponse à un tel deÌfi historique que j'ai cru devoir m'adresser, dans une sorte d'appel reÌpublicain, à travers cet ouvrage, au peuple du Congo-Zaïre tout entier afin de lui proposer de frayer ensemble un chemin d'alternative entre la deÌcheÌance politique et le chaos. Ce faisant, nous avons deÌlibeÌreÌment pris position en nous engageant dans la voie d'une mission que l'on consideÌrera à bon droit comme historique et sacreÌe.
Aujourd'hui le point le plus bas du deÌcouragement des filles et fils du Congo-Zaïre doit eÌ‚tre surmonteÌ. Toute la patrie doit puiser dans l'effondrement de la politique active d'occupation de notre pays une nouvelle espeÌrance et un nouveau courage. La conviction que maintenant, malgreÌ tout, l'occupation de notre territoire doit finir par une victoire de la sagesse congo-zaïroise, doit commencer à s'emparer de nous mais avec prudence et intelligence. Le torrent d'une foi splendide doit se deÌverser maintenant dans nos cÅ“urs et nous faire attendre avec une prudente assurance l'arriveÌe de temps de reÌconciliation et de reconstruction.
Nous appartenons à une nation admirable et perseÌveÌrante qui, par-dessus son lot d'erreurs et de faiblesses, n'a pas laisseÌ perdre l'ideÌe qui fait toute sa grandeur et que son peuple toujours, ses eÌlites quelquefois, cherchent sans cesse à formuler de mieux en mieux. Nous appartenons à une nation qui doit recommencer le parcours de toute son histoire et qui, dans les deÌcombres, doit se preÌparer tranquillement, suÌ‚rement, à en refaire une autre et à courir sa chance dans un jeu ouÌ€ elle part avec de consideÌrables atouts. Ce pays vaut que nous l'aimions du difficile et exigeant amour qui est le noÌ‚tre. Et je crois qu'il vaut bien maintenant qu'on lutte pour lui puisqu'il est digne d'un amour supeÌrieur.
Ensemble nous devons nous mettre au travail et commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre patrie à la paix, à la prospeÌriteÌ et à la grandeur. Aussi nous soutenons que la solution du recours à la leÌgaliteÌ constitutionnelle de transition est la seule valable pour sortir de la crise politique et institutionnelle. La reÌconciliation nationale est le socle fondateur de la nouvelle ReÌpublique du Congo- Zaïre. Enfin, la solution à la question de la nationaliteÌ des " Banyamulenge " est d'une importance deÌterminante dans le processus de paix et reÌconciliation nationale.