Même en des moments où le destin de notre pays semble nous échapper, où le pouvoir pour lequel les protagonistes de notre paysage politique actuel sont sensés se diviser nous échappe totalement au profit de rien, nous continuons à nous entre-déchirer sur l'accessoire, et au grand plaisir de ceux qui ont choisi de nous faire violence, et de faire imploser notre Congo-Zaïre. Nous restons naïfs et amorphes alors que les prédateurs s'abattent sur notre pays en décomposition. Ces prédateurs profitent, non seulement de l'absence de notre engagement patriotique décisif en faveur d'une paix définitive, fondée sur des valeurs démocratiques et de l'Etat de droit. Mais aussi et surtout, ils profitent de l'attitude de compromission et de division politicienne des protagonistes congolais.
L'UNIR MN est convaincue que le rétablissement de la paix, prélude à la restauration de l'intégrité territoriale, passe par la réconciliation de toutes les filles et tous les fils du Congo-Zaïre. En effet, la réconciliation est un moment essentiel dans la cristallisation de la paix au Congo-Zaïre.
A. L'organisation d'un dialogue national souverain
Depuis quelque temps, certaines forces vives de la Nation tentent d'amorcer un deÌbat autour de cette probleÌmatique. C'est dans ce contexte que l'on parle du " dialogue intercongolais ". Mais les eÌchecs successifs de ce dialogue confirment la putreÌfaction de la classe politique congolaise en sceÌ€ne ; les diffeÌrents protagonistes sont incapables d'amorcer un processus de renaissance politique salutaire. Et vouloir poursuivre cette causerie intercongolaise en Afrique du Sud releÌ€ve du phantasme politique cynique.
L'UNIR MN adheÌ€re entieÌ€rement à l'ideÌe d'un dialogue structureÌ entre les filles et les fils du Congo-Zaïre. Toutefois, l'UNIR MN consideÌ€re que ce dialogue doit impeÌrativement avoir lieu à l'inteÌrieur des frontieÌ€res de la ReÌpublique, et constituer le symbole, l'empreinte, l'expression de la reÌconciliation nationale. Chacun des filles et fils du Congo-Zaïre doit prendre conscience de la provenance reÌelle des probleÌ€mes auxquels est actuellement confronteÌ le pays. Tout un chacun doit faire preuve de solidariteÌ avec l'ensemble du peuple du Congo-Zaïre, pour s'organiser en conseÌquence et faire face aux difficulteÌs qui ruinent notre patrie.
Conscient, en deÌfinitive, que le Congo-Zaïre ne dispose pas, dans sa configuration actuelle, de capaciteÌs financieÌ€res ou/et mateÌrielles adapteÌes pour obtenir un reÌsultat frugifeÌ€re, l'UNIR MN envisage de solliciter non seulement le soutien de l'Organisation des Nations Unies mais eÌgalement et surtout l'assistance logistique de l'Union europeÌenne aux fins de faciliter l'organisation ainsi que l'encadrement de cet eÌveÌnement, soubassement de la concorde civile, elle-meÌ‚me preÌliminaire à la reconstruction du pays.
Le dialogue national risque de demeurer illusoire si, dans ce processus de reÌconciliation, le Congo-Zaïre ne renoue pas avec sa propre histoire. En effet, la reÌconciliation nationale est, pour l'UNIR MN, le moment privileÌgieÌ de la reÌconciliation du peuple congo-zaïrois avec toute l'histoire de notre patrie. Nous consideÌrons, effectivement, que la restauration de la paix au Congo-Zaïre ne peut se reÌaliser sans le concours deÌterminant de toutes les filles et tous les fils de ce pays. C'est dire que la reÌconciliation nationale doit eÌgalement passer par la fraternisation des diffeÌrentes geÌneÌrations, par notre responsabiliteÌ de reconnaiÌ‚tre et assumer toute l'histoire, meÌ‚me la plus douloureuse de notre patrie. Telle est la justification et l'importance de l'embleÌ€me unitaire repreÌsentant les trois eÌtapes de notre histoire souveraine. La reconstruction de notre patrie suppose donc que toute fille et tout fils du Congo-Zaïre, chacun dans son domaine et selon ses compeÌtences, ce en deÌpit de leurs divergences conceptuelles, apporte sa pierre à l'eÌdifice.
B. Le Pardon du peuple
Le principe de l'humaniteÌ doit deÌpasser le crime mais pas la douleur du crime. Seuls le pardon et la reÌconciliation ont le pouvoir d'adoucir la douleur du crime.
Demander et obtenir le pardon du peuple du Congo-Zaïre est indispensable à la fondation d'une nouvelle ReÌpublique. Rien ne trouble plus la vie d'une Nation que ces trois mots : Rancune, Remords et Reproches, trois reÌactions baseÌes sur la coleÌ€re, la culpabiliteÌ et la haine. Ces trois eÌmotions bloquent toutes nos faculteÌs et nous enleÌ€vent toute chance de connaiÌ‚tre la paix. La haine est la mort du bien-eÌ‚tre national. Nous ne devons pas voir l'avenir de notre Patrie à travers un verre obscur et deÌformant. Il n'existe pas de fataliteÌ pour un pays. L'UNIR MN en est en tout cas convaincue. Mais quoiqu'il en soit, le pardon du peuple sera le deÌbut de ce que l'UNIR MN qualifie de " l'Ere zeÌro de la ReÌpublique ". Il ne s'agit pas de faire table rase du passeÌ. NeÌanmoins, nous avons le devoir de tourner la page, sans pour autant la deÌchirer. L'UNIR MN refuse que le Congo-Zaïre continue de produire des exileÌs politiques. C'est pourquoi il faut que tous, filles et fils de ce pays, se reÌconcilient. Il est impeÌratif que les congo-zaïrois se pardonnent les uns les autres ; il est impeÌrieux qu'ils arreÌ‚tent de s'exclure mutuellement. En effet, seule la compliciteÌ de toutes les filles et tous les fils du Congo-Zaïre pourra permettre le reÌtablissement d'une paix durable ; seule la reÌconciliation des uns et des autres est apte à constituer l'arme efficace pour la reconstruction du Congo-Zaïre. Notre patrie est en pleine deÌconfiture. Nos parents, nos sÅ“urs et freÌ€res, nos enfants nous appellent au secours. Il est donc temps que nous prenions conscience de cet appel ; il est temps que nous mettions fin à nos querelles internes ; il est temps que nous nous mettions au service d'une veÌritable cause. En tout eÌtat de cause, le pardon n'implique pas l'impuniteÌ. Il faut preÌciser que, à l'instar de l'exemple qui nous est fourni par la ReÌpublique d'Afrique du sud, le pardon ne peut eÌ‚tre obtenu que dans la totale transparence. Il reviendra donc à la Commission qui sera constitueÌe à cet effet de statuer sur le cas de toute personne de qui le peuple exigerait une demande de pardon ou encore de celle qui estimerait neÌcessaire de preÌsenter ses excuses au peuple du Congo-Zaïre.